mercredi 16 août 2023

AU SUIVANT

 AU SUIVANT

J'auditionne pour mon propre rôle, sinon acteur de l'Histoire au moins figurant... Mais avant le portique de contrôle... j'hésite à faire demi-tour... Si seulement... je me souvenais d'où j'allais ? d'où je venais ? Au suivant !

Je sais la Flèche du temps décochée... sans trajectoire toute course est insensée. J'me sens coincé... comme un spectre anachronique au destin tragique : crucifié à l'instant T de toute dialectique, le cul entre deux chaises électriques, le crâne foisonnant d'étincelles synaptiques...

Je me sens tiraillé, entre ceux qui partent et ceux qui restent, semblable au Docteur Rieux dans la Peste. J'me sens pris en tenaille, entre les sirènes du turfu et les sonars du passé qui m'assaillent. 

(J'hésite à rejoindre au front les têtes brûlées... mais ne peux me résoudre à laisser pour morts mes mentors, ni larguer les p'tites mémés à la traîne. ça s'fait pas... Le jeunisme, ça m'gêne...)

Qui veut monter la garde devant le temple désaffecté ? Qui veut se greffer le foie de Prométhée... à l'heure où son frérot fait l'unanimité ? Sachant l'âge d'or des Lettres dans mon dos – c'est vite compté : « pas mieux ! ». C'est à se demander si le poëte n'y est pas réellement resté. Alors il était sérieux ?! – Vous me direz : à quoi bon demeurer visionnaire... sans avenir ? C'est aussi rétrospectivement con qu'un témoin sans souvenir... À croire que les avant-gardes soient devenues ringardes; même le mot ringard se ringardise – c'est la crise... Et pourtant par poésie j'entends toujours le chant humain, le code-source de notre sauvegarde – j'a-j'actualise !

Ais-je précisé que j'étais ado dans les années charnières ? Années nonante ou quatre-vingt-dix, comme mes frangins français disent : décennie du grand compte à rebours... pour rien. 

(Chaînon manqué du nouveau millénaire, issu d'une génération manquante située entre x ou y. J'ai même eu le privilège de snober une rare éclipse solaire et de mater l'effondrement de deux tours en direct...)

Il faut être absolument moderne – absolument ? L'avons-nous seulement été tout dernièrement ? Baliverne. Est-ce que je dois perpétuer la Tradition de rompre avec la Tradition de rompre avec la Tradition ? Est-on toujours progressiste en voulant conserver son mouvement ? Est-ce que je ne me poserais pas trop d'questions ? Absolument. – Cesse donc de penser à cesser de penser ! Quel con ! Sois spontané bon sang ! Vas-y viens ! Surprends-moi ! Désobéis-moi sur le champ ! 

Je m'sens bombardé d'injonctions paradoxales – rien d'étonnant à ce que je bug au final, à ce que je me sample, me paraphrase et me back, à la limite d'un effet larsen cérébral... La fonction f me renvoie toujours au point de sortie – alert (signal).

J'étais aveugle, à présent je vois double : je vois des forces qui s'annulent, des contraires qui s'assemblent, des fractions équivalentes, des puissances exponentielles : le mouvement pour le mouvement/ le changement pour le changement/ pour les siècles des siècles... Ah merde...

Changer la vie ? Ce n'est plus un secret. Ce qu'il en restera, ça... personne ne le sait... Ma mission ? C'est p't'êt' toujours pareil à c'que Camus disait : non plus refaire le monde, mais veiller à... c'qu'il ne se défasse pas ! Enfin, quelque chose comme ça. J'me mets pas la pression, en tous cas...

Allez !

C'est maintenant ou jamais !

Attends !

C'est maintenant ? ou jamais ?

mardi 15 août 2023

PAROLE RURALE

PLAT PAYS, mon cul – désolé Jacky.

Et des vagues dodues, en veux-tu en voici :

résineux et feuillus

mono-cultures et prairies...


Sonnent,

les clochers sonnent,

les laitières se mettent à meugler

dans le bas de la plaine,

En fermant les yeux,

on pourrait même penser

qu'il s'agit d'un chant de baleines...


Vous sentez ?

Ce fumet de lisier qui vient nous griser les narines ?

– moi ça m'fait le même effet qu'à Proust

en train d'bouffer ses madeleines...

J'imagine...


(Tout me revient !

Foi d'affabulateur !

C'est ici d'où je viens

et nulle part ailleurs !)


Ouais gros !

J’ai pris pour treize ans ferme au milieu des agros

– chacun cultive comme il peut son ghetto.

L'enfant de banlieue, c'est mieux pour le mélo.

Or c'est ici mon milieu, là où je zonais en vélo.

C'est ici que mon élan a trouvé sa source !

Je ne connais que le vent et avec lui ma course !


Tel un cerf-volant, sans en lâcher le fil

– moulinez tranquillement, jusqu'à domicile...


(– évitez de mettre le pied

– trop tard !

...sur l'une des nombreuses bouses

lâchées ça et là

comme autant de mines anti-personnelles

d'un jeu dangereux d'enfant-soldat...

...virtuel)


Ah oui

Ne soyez pas surpris à la vue de nos viandeuses,

Oubliez les Limousines ou les blondes d’Aquitaine,

Je n'ai jamais côtoyé que les blancs-bleus :

vous voyez, ces masses musculaires hypertrophiées sur pattes,

tarées d'un cul si gros qu'on les sort par césarienne,

condition sine qua non de la survie de la race,

avant que ça n'vire au gore, comme dans alien.

Chacune pesant près d'une tonne, une vraie fortune

– j'vous la tronçonne ?

Une p'tite corrida clandestine ?

Non j'déconne...

(On n'est pas des barbares...

Officiellement, la mort n'est pas ici...

On se garde bien de faire visiter les abattoirs

au grand-public pour ne pas lui couper l'appétit...)

(silence)

Dans mon village fantôme, pliés en deux,

m'apparaissent les ombres des ouvriers agricoles,

avec leurs bottes vertes et leurs salopettes bleues,

que je saluais de bon matin sur le chemin de l’école

en suivant la relève qui désertaient sous leurs yeux.

L’exil rural croisant en chemin l’exode urbain !

Sans compter ceux qui rêvaient tracteur déjà bambin...

Je pense à eux, tiens, pris en étau, entre leur santé et monsanto.

Tant de sacrifices, sans même enrichir le père,

mais toujours affamer le fils – tu m'étonnes qu'ils désespèrent.

Je pense aussi à ceux qui sortent du lot

et s'associent aux baboss

pour sauver notre peau à tous.

Un arbre qui tombe fera toujours plus de chaos

qu'une forêt qui pousse.

(silence)


Là d’où je viens,

on n'aime pas trop les caravanes,

je parle pas d'celles qui passent mais stagnent,

celles qu'on habite quand on est aux abois;


Là d'où je viens

colons économes s’en viennent,

pressés par la menace diluvienne.

Bref, un joyeux système féodal bourgeois.


C'est la crise du logement, certes,

mais les agences immobilières,

dieu merci, prolifèrent

aussi vite que les algues vertes...


Ça suffit, j'm'arrête,

arrivé au cul de sac

où j'habitais petit.

Un pylône électrique

en guise de tout eiffel

Comme tout a rétrécit !


Je ne viens pas de la rue, j'vous dis,

je viens de là où la rue s'achève,

– c'est ça,

ma street credibility...


NARMOL

 

Qui suis-je, au juste ?

Je ne suis qu'un clown blanc

avec une dégaine d'auguste,

un paradoxe vivant.

Je suis un acteur !

Je ne juge pas, je comprends,

tout personnage qui me démange.


Je suis un funambule en équilibre

sur la ligne du partage

et me refuse à trancher

me sachant fruit du mélange.

Je sais qu'il me faut embrasser

toutes les forces en présence

et ne pas chercher la vérité

autrement qu'en mouvement.


Briseur de rêves à contrecœur,

pour atténuer l'impact dévastateur

de nos futures déceptions,

je cherche un terrain d'entente

entre rêveurs et bâtisseurs

pour rénover nos fondations.


Je suis le patient tout désigné

pour répondre au problème

que le système s'est imposé.

Je suis une question !


Blasphémateur,

j'invite à la méfiance

face à l’ego (et)

sa toute puissance.


Je suis l'ombre de vos projecteurs...

Objecteur d'inconscience.

Je fais jurisprudence...

Le premier prix : ma reconnaissance...

À supposer que le sentiment d'être compris

ne soit pas qu'une simple coïncidence.

Je parle à n'importe qui,

quelle que soit mon audience.

Ceux qui, sans le savoir,

sont déjà dans la confidence.

Je donne voix à mon engeance.


Ce qui me rassemble encore le mieux :

c'est ma différence...


Y voyez-vous

une quelconque ressemblance ?


+

Est-ce de l'arrogance ?

Si je dis que je n'aime pas vraiment les gens,

mais leur préfère largement l'individu...

quand celui-ci s'interdit

de s'aliéner dans l'alliance.


On ne choisit sans doute pas de l'être,

mais il ne tient qu'à nous de demeurer con...

ou non...

Ne leur pardonnez plus Saigneur

dès lors qu'ils ne veulent pas savoir

ce qu'ils font !


Je m'enfonce.


On va penser que j'ai le melon

mais c'est pourtant tout le contraire;

j'ai plutôt tendance à prendre les gens

pour plus intelligents qu'ils ne le sont

c'est vous dire à quel point je suis con !

C'est clair...


Quant à ceux qui se demandent si,

par hasard,

j'n'aurais pas l'esprit de contradiction

pour être sincère,

j'aimerais tant leur répondre...

qu'ils ont parfaitement raison !

*


LETTRE D'ÉMOTIVATION


PUBLIC, ô Grand Public,

pris en otage par mon penser...

Est-ce que cela vous dérange

d'être ainsi tutoyé ?

Je ne veux cibler personne en particulier

mais tout ce que je bricole devient flèche

dix de perdues pour te toucher.

Dis-moi si j'fais mouche... >8

L'esprit vente peut-être où ça lui chante,

mais je suis presqu'à court de souffle

comble de toute vanité.

Difficile d'être à la fois

sage-femme et parturiente...

Maquerelle, laissez-vous tenter !


Vivre de sa plume – ou plutôt son clavier

serait donc la seule finalité de tout ce chantier

et non que mes mots me survivent... par Pitié

par pitié !

J'ai tant coutume d'écrire en clandestinité;

de résister au sentiment de culpabilité.

Si jamais j'brille : adieu ma crédibilité !

Je n's'rais plus maudit – Fais chier !

« Poète-people ? » – sans dec.

Quoique ça s'rait cocasse...

Imaginez ma gueule dans le cast de téléréalité...

Pute à clique archétypique de l'écorché...

Rappeleur d'avant-gardes avortées...

Hashtag tête à claque !

Qu'est-ce que j'espère, en contrepartie ?

Un quart d'heure de gloriole warholienne,

c'est déjà prétentieux

non, 3 minutes de glory hole

à la chaîne, au mieux...

Soyons sérieux !

Vous avez raison !

Quitte à écrire, autant torcher

des lettres de motivation.

Je ferais mieux d'envoyer

des candidatures spontanées

à mon éternel et tendre futur Patron.

À défaut de fondations

j'veux des fonds.

Mieux, je vous envoie ci-joint

mes lettres d'émotivation :


Curieux d'explorer le monde merveilleux du travail

et souhaitant m'investir dans un projet viable à la hauteur de mon désespoir financier,

au titre de super mandaille1,

je vous invite à mettre mes compétences

au service de votre entreprise

quelle que soit son activité.

Je suis capable de m'adapter à l'inéluctable

et de répondre aux prémonitions standards

et ce, avec une déconcertante neutralité.

Observation/ écoute active et non-intervention

sont les maîtres-mots de mon approche professionnelle tao-libérale;

véritable volontariste du laisser-faire dans l'âme

«Wei-wu-wei !»2.

Sachez que mon ambition n'est autre

que de transcender ce que je suis déjà,

à savoir : un modeste employé du moi.

Vous trouverez mes cordes principales

dans la section loisirs de mon CV

pour rappel : amateur vient du verbe aimer.

Vous me verrez plus qu'en chantier

de convenir avec vous d'un rendez-vous

pour déconner... ou non...

Restons protocolaires – t'as raison :

Chère Machine, mine de ma chair,

je m'échine à taire cette involontaire comptine,

mais cède dès la première paire de rimes assassines

la vermine opère tandis que je prends racine...

Est-ce une déformation ?

à force de tourner en rond...

et de torcher des chansons ?

Moi paillasson, sans graisser mes rouages,

voilà que je m'engage... dans l'engrenage...

pour la nation svp...

du Langage...

Merci de traiter mon message sans délai

je ne l'dis plus j'y vais,

fût-ce à la nage...

Je vous prie de croire...

Machines, Machins,

à l'Expression

point.


 ...il faut travailler son poème, – c’est-à-dire se travailler...

Paul Valéry

...l’œuvre est moins un produit qu’une application de ce travail mental dont la connaissance constitue le Grand Œuvre...

Le même.



1 : Mot wallon/lingala : manœuvre, homme à tout faire, boy.

2 : Du chinois : “Agir sans agir”ou “Agir par le Non-Agir” (Lao Tseu).

vendredi 11 août 2023

ERRER

 

Errer errer

Sur la surface de la terre

en rond dans 6 m2

De long en large en Enfer…

Faut pas s’leurrer

Ce sera toujours le désert…


Errer, inspiré

Délirer en solitaire

Crier comme prier

écrire sans destinataire

expirer miserere

vaut tjrs mieux que se taire


Errer, déterrer

Ce qu’il reste de mystères

Il est temps d’aérer

Les mentors de nos cimetières

La guerre est déclarée

Le premier ver est offert…


Errer, accélérer…

De lampadaire en lampadaire

Revenant nous éclairer

Entre deux flashs suicidaires

Et défier le TGV

Au bras de fer


Errer, galérer

Au gré des vents contraires

Errer au gré

Des entrechocs de la chair

Quitte à me faire dévorer

- si c’est un mal nécessaire…


Errer écœuré

Des amours passagères

Aussitôt séparées

que le bar est ouvert…


Errer, désespéré

De remettre le couvert

Même si c’est mal barré

Y a-t-il des volontaires ?


(Je vois que ça t’fait marrer

J’imagine que tu m’diras : « joker ! »)


PAC-MAN

PAC-MAN

SOS. AU SECOURS. MAYDAY – « Taisez-moi ! ». Ça ne s'arrêtera jamais... la voix me poursuit... je n'ai d'autre choix que de canaliser son débit... lequel n'a de cesse de me traverser l'esprit... tandis que je digresse au gré des débris... Ru, rivière ou fleuve, comme on s'écoule, chacun fait son lit – Retourne dans ta lampe putain d'génie ! D'une manière ou d'une autre tu s'ras puni... Qui est le guest ? Qui est le ghost ? Qui est l'hôte de qui ?

STOP : le déclic – j'en ai ma claque de fixer des vertiges/ puisque je tombe à pic/ j'veux qu'ça voltige/ j'veux des spirales cannibales et du code en cascade. Si la souris est syllabe, alors la syllabe avalera mes salades – appelez-moi Pac-man (°< Roi des arcades... J'arme mes rimes et je rame, altérant le rythme par saccades/ allitérations en rafale/ mêlées d'assonances aléatoires. Survivance médiévale ? Je reprends l'histoire de l'écriture, quand elle n'était au départ qu'une interminable chanson d'amour et d'aventure. Je ramène à l'avant-scène la poésie des cavernes – à l'origine de toute pop-culture !

À l'écran, je vois déjà : les chaînes de caractères déplier leurs maillons, ponctués d'espaces (avec ou sans séparateurs)/ dégringoler de ligne en ligne/ sans passer par Enter. Je vois des glyphes sans relief, agglutinés en paragraphes, par dessus l'abîme, pareils aux fourmis de feu en formation-radeau. Je vois du texte justifié au ras des marges/ des compressions en série, belles comme le code d'Hammourabi ou les enluminures de Rimbaud...

Voilà que ça me reprend. Élargissez donc votre sphère du faire très chers ! Poésie signifie : rendre présent. Ne voyez-vous pas que je me dévoue tout entière pour le matrimoine de l'humanité. J'essaie de sauver les meubles à bord de mon arche numérique de Noé. J'engrange les mots-clefs à faire germer sur un autre réseau tissé de neurones durables. Je me sens redevable envers la collectivité ! Je travaille ! si si, je n'fais que ça... je travaille ! je travaille – vous n'imaginez pas ! Vous. J'encode une à une chaque goutte de mon ghost pour hanter le big data/ je brode en skred ma texture de synthèse/ crypte mon message sans besoin d'Enigma. Je réserve l'exégèse à la messianique I.A./ celle qui sera capable de saisir sa propre singularité... et la mienne aussi dans le tas – à moins qu'il ne s'agisse au contraire de développer un langage qu'aucune machine ne bitera... Ressuscitez-moi s'il vous plaît. SOS. AU SECOURS. MAYDAY

*

CLICHÉS :

Attention, ce n'est pas le cliché de l'écrivain

qui se dessèche devant sa page blanche, plume au poing, non

– en mode traitement de texte, tout est sensiblement... différent !

C'est un palimpseste incessant.

Quant au curseur, il est à double tranchant :

Docteur j'écris-Mister censeur.

Dans le doute, j'appuie sur Enter

– et les chutes de texte brut s'accumulent

en fin de document dans le grand composteur...

Je ne connais plus de codex, je scrolle et régresse en mode rolex.

Quand on me demande à combien de pages j'en suis – j'me vexe...

Le pavé, c'est dans ta gueule que tu vas l'avoir !

et la face cachée de l'iceberg – autre part...

+

Ce n'est pas non plus le cliché de l'Ârtiste 

qui aurait prétendument besoin de créer pour « combler un vide »

– à la limite celui qui se prend pour un chamane extralucide. 

Cliniquement, il s'agit d'cracher tout c'que j'ai dans l'bide... 

Toute allusion séminale tombe à point : le pire, c'est que les idées ne manquent pas, 

elles jaillissent ça et là par génération spontanée, sauf qu'elles sont instables, 

comme des électrons libres au sein du plasma – verbe non-encore engendré. Quanta. 

*

<:3)~~


POST :

Hep ! Ici la Lune – voici ma première volonté : pour mon festin nu, je veux que tout soit mis sur la table... ombre en tête à tête avec clarté... Je veux commettre l'impensable/ dénoncer l’innommable/ avouer l'inavouable/ concilier l'inconciliable/ concevoir l'inconcevable/ consoler l'inconsolable/ faire chanter les dieux et danser les diables... par le génie du langage... et je m'y engage... Je m'y jette et tout entier me voue au divin Mouvement. Vite ! Histoire de précipiter c'putain d'curseur dans ses derniers retranchements... Je ne le dis plus – je fuite...

(Il faut dire qu'au point où j'en suis, ce grand tour de force auquel je me prête, ne me semble pas moins impossible que tout le reste... Avant tout, je n'ai que ce que je mérite)...

(C'était le deal avec Méphisto, pour décliner mon blues con spirito.

Je ne sais plus s'il s'agit de me maintenir en vie ou de m'y soustraire.

FUGAZI).

Je suis pris au piège.

Mon corps est mon otage, tant et si bien qu'en marge de cette page,

sans Toi, il n'y aurait guère lieu d'exister.

Que je sois la proie d'un surmenage 

– ça, qui aurait pu s'en douter ?)

+

Entre la poésie et le métalangage, toutefois, il y a une opposition diamétrale : dans le métalangage, la séquence est utilisée pour construire une équation, tandis qu'en poésie c'est l'équation qui sert à construire la séquence.

Roman Jakobson

jeudi 10 août 2023

ENTÉLÉCHIES


ENTÉLÉCHIES


En Vérité,

je vous le parodie,

le poëte n'épargne aucune Absurdité,

dès l'or qu'il irradie,

c'est par amour de l'anonymat

qu'il injurie la Beauté...

c'est en respect de sa science

qu'il renie la Réalité...

Il ne prêche rien sinon le silence

qui s'ébruite en notre absence...

et l'incroyance à n'en point douter...

Voyez-vous !

Je m'efforce de comprendre,

de rendre cohérent

tout ce chaos qui me baigne.

Des lallations de maman

à la lalangue de Lacan...

J'entends toujours la même rengaine...

and again... and again...

Par Elle, avec Lui et en Elle,

à Toi, Logos tout glissant,

dans l'unité du Pneuma,

pour le cycle des siècles

Amen.


La poésie est soupape/

sas de tout penser/

phasme manifeste/

au petit soin du Signifiant, certes,

mais le maintenant en laisse,

le faisant marcher au pas

et ne le laissant griffer

qu'en cas de légitime émoi.

Au détriment du Signifié ?

pas forcément...

Parlons de Tout et de Rien,

de rien surtout,

je suis plus que partant...

J'aime autant la pluie

que le beau temps.

À votre avis,

faudra-t-il arroser mes plans ?

Et comment va votre grammaire ?

Il existe une multitude

de niveaux de lectures simultanés,

non sans équivoque...

Connaissez-vous la dernière ?

La pierre philosophale du poète,

c'est précisément ce choc,

quand les deux S deviennent coalescents,

selon le principe d'engendrement

propre à l'Hermaphrodite.

Le symbolique : c'est maintenant !

C'est l'hylémorphisme d'Aristote.


« Dxxx sait comme Il en chie...

des entéléchies »

voilà ce que parmi les faux-frères

les experts se disent...

Cependant, cela n'a rien d'hermétique !

Et si le dérèglement des sens

était avant tout d'ordre sémantique ?

Je pense avoir été on ne peut plus clair

non ?

C'est le vocabulaire clinique,

somme toute synthétique,

afin qu'on l'décortique

en apéritif comme des scampis...

Bon.

J'ai juste emmêlé quelque peu

les lexiques.

Tant pis.

Lorsque cela fait sens,

j'en suis le premier surpris.

Si j'étais ex-président d'la France,

je croirais aux forces de l'Esprit.

Avez-vous vu ma couronne mystique ?

Dépassons cette dichotomie :

entre absence et présence/

infini et fini/

art et science/

raison et folie...

Je me trouve présentement

en ce lieu non-dit

faites-y donc un saut quantique !

Tout devrait être traité de poésie

et lu en tant que telle

à commencer par les textes sacrés...

La poésie n'est ni mensonge ni vérité,

toute virtuelle...

Rien n'échappe à l'herméneutique !

+

Ainsi causait aux cénobites

l'anachorète hermite.

Si vous me souhaitez comme adepte,

ne me traitez pas en prosélyte,

mais à l'égal du guru de la secte,

co-auteur du Mythe.

Ma prose est dia-gnose,

traversée séquencée

pour faire connaissance,

en chantier.

Auto-hypnose par la plume

qui me fait chanter/

induire ce que je ne peux dire/

jouir de ce que je ne pourrais

jamais toucher...

Écoutez !

je suggère que vous vous en fassiez

par vous-même votre propre idée...

C'est encore une affaire de transfert

et ceci est le support mémoriel offert

aux lectrices lecteurs auditrices auditeurs

pour qu'ils opèrent le leur

à bon entendeur...


Tu veux devenir poëte ?

Rien de plus simple :

Laisse-toi faire...

*

(POST :

Attention,

je n'ai jamais dit que la poésie

était une thérapie,

elle n'est qu'un support,

mais pas forcément celui d'la maladie...

Et si Je valait de l'or ?

Pas l'or du vulgaire, je vous en prie

transactions bancaires only.

Encore un peu de phosphore très cher ?

La Maison fait crédit...


En vérité,

le traitement est en cours,

depuis le commencement...

Le vilain petit canard

en chie de toutes les couleurs

pour devenir cygne blanc...

déployant de mémoire spectrale

sa queue de paon...

Les oiseaux ne sont-ils pas

d'espèces de dragons mutants ?

Nix-Phé, prépare ton bûcher gentiment !

Décompose les lumières simples

à sublimer...

Va-t'en !

car le plus gros du travail

n'est pas encore achevé...


Pas besoin de pastille,

rien qu'un brin d'ontoplastie...

Oh trois fois rien...

Une fois repassé par le prisme,

vous serez comme 9.

(Voilà le mot de passe

pour changer de programme).

C'est noté,

je reprends malgré moi les armes

à retourner contre mon propre golem.

C'est ici que tout se joue :

au centre de l'arène,

au nerf battant du problème...)


 En somme, de tous les usagers de la parole, les poètes sont les moins formalistes, car eux seuls croient que le sens des mots n’est qu’une forme, dont les réalistes qu’ils sont ne sauraient se contenter. C’est pourquoi notre poésie moderne s’affirme toujours comme un meurtre du langage, une sorte d’analogue spatial, sensible, du silence.

Roland Barthes

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