PUBLIC, ô Grand Public,
pris en otage par mon penser...
Est-ce que cela vous dérange
d'être ainsi tutoyé ?
Je ne veux cibler personne en particulier
mais tout ce que je bricole devient flèche
– dix de perdues pour te toucher.
Dis-moi si j'fais mouche... >8
L'esprit vente peut-être où ça lui chante,
mais je suis presqu'à court de souffle
– comble de toute vanité.
Difficile d'être à la fois
sage-femme et parturiente...
Maquerelle, laissez-vous tenter !
Vivre de sa plume – ou plutôt son clavier
– serait donc la seule finalité de tout ce chantier
et non que mes mots me survivent... par Pitié
– par pitié !
J'ai tant coutume d'écrire en clandestinité;
de résister au sentiment de culpabilité.
Si jamais j'brille : adieu ma crédibilité !
Je n's'rais plus maudit – Fais chier !
« Poète-people ? » – sans dec.
Quoique ça s'rait cocasse...
Imaginez ma gueule dans le cast de téléréalité...
Pute à clique archétypique de l'écorché...
Rappeleur d'avant-gardes avortées...
Hashtag tête à claque !
Qu'est-ce que j'espère, en contrepartie ?
Un quart d'heure de gloriole warholienne,
c'est déjà prétentieux
– non, 3 minutes de glory hole
à la chaîne, au mieux...
– Soyons sérieux !
Vous avez raison !
Quitte à écrire, autant torcher
des lettres de motivation.
Je ferais mieux d'envoyer
des candidatures spontanées
à mon éternel et tendre futur Patron.
À défaut de fondations
j'veux des fonds.
Mieux, je vous envoie ci-joint
mes lettres d'émotivation :
Curieux d'explorer le monde merveilleux du travail
et souhaitant m'investir dans un projet viable à la hauteur de mon désespoir financier,
au titre de super mandaille1,
je vous invite à mettre mes compétences
au service de votre entreprise
quelle que soit son activité.
Je suis capable de m'adapter à l'inéluctable
et de répondre aux prémonitions standards
et ce, avec une déconcertante neutralité.
Observation/ écoute active et non-intervention
sont les maîtres-mots de mon approche professionnelle tao-libérale;
véritable volontariste du laisser-faire dans l'âme
– «Wei-wu-wei !»2.
Sachez que mon ambition n'est autre
que de transcender ce que je suis déjà,
à savoir : un modeste employé du moi.
Vous trouverez mes cordes principales
dans la section loisirs de mon CV
– pour rappel : amateur vient du verbe aimer.
Vous me verrez plus qu'en chantier
de convenir avec vous d'un rendez-vous
pour déconner... ou non...
Restons protocolaires – t'as raison :
Chère Machine, mine de ma chair,
je m'échine à taire cette involontaire comptine,
mais cède dès la première paire de rimes assassines
– la vermine opère tandis que je prends racine...
Est-ce une déformation ?
à force de tourner en rond...
et de torcher des chansons ?
Moi paillasson, sans graisser mes rouages,
voilà que je m'engage... dans l'engrenage...
pour la nation svp...
du Langage...
Merci de traiter mon message sans délai
– je ne l'dis plus j'y vais,
fût-ce à la nage...
Je vous prie de croire...
Machines, Machins,
à l'Expression
– point.
...il faut travailler son poème, – c’est-à-dire se travailler...
Paul Valéry
...l’œuvre est moins un produit qu’une application de ce travail mental dont la connaissance constitue le Grand Œuvre...
Le même.
1 : Mot wallon/lingala : manœuvre, homme à tout faire, boy.
2 : Du chinois : “Agir sans agir”ou “Agir par le Non-Agir” (Lao Tseu).
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