ENTÉLÉCHIES
En Vérité,
je vous le parodie,
le poëte n'épargne aucune Absurdité,
dès l'or qu'il irradie,
c'est par amour de l'anonymat
qu'il injurie la Beauté...
c'est en respect de sa science
qu'il renie la Réalité...
Il ne prêche rien sinon le silence
qui s'ébruite en notre absence...
et l'incroyance à n'en point douter...
Voyez-vous !
Je m'efforce de comprendre,
de rendre cohérent
tout ce chaos qui me baigne.
Des lallations de maman
à la lalangue de Lacan...
J'entends toujours la même rengaine...
and again... and again...
Par Elle, avec Lui et en Elle,
à Toi, Logos tout glissant,
dans l'unité du Pneuma,
pour le cycle des siècles
– Amen.
La poésie est soupape/
sas de tout penser/
phasme manifeste/
au petit soin du Signifiant, certes,
mais le maintenant en laisse,
le faisant marcher au pas
et ne le laissant griffer
qu'en cas de légitime émoi.
Au détriment du Signifié ?
pas forcément...
Parlons de Tout et de Rien,
de rien surtout,
je suis plus que partant...
J'aime autant la pluie
que le beau temps.
À votre avis,
faudra-t-il arroser mes plans ?
Et comment va votre grammaire ?
Il existe une multitude
de niveaux de lectures simultanés,
non sans équivoque...
Connaissez-vous la dernière ?
La pierre philosophale du poète,
c'est précisément ce choc,
quand les deux S deviennent coalescents,
selon le principe d'engendrement
propre à l'Hermaphrodite.
Le symbolique : c'est maintenant !
C'est l'hylémorphisme d'Aristote.
« Dxxx sait comme Il en chie...
des entéléchies »
– voilà ce que parmi les faux-frères
les experts se disent...
Cependant, cela n'a rien d'hermétique !
Et si le dérèglement des sens
était avant tout d'ordre sémantique ?
Je pense avoir été on ne peut plus clair
– non ?
C'est le vocabulaire clinique,
somme toute synthétique,
afin qu'on l'décortique
en apéritif comme des scampis...
Bon.
J'ai juste emmêlé quelque peu
les lexiques.
Tant pis.
Lorsque cela fait sens,
j'en suis le premier surpris.
Si j'étais ex-président d'la France,
je croirais aux forces de l'Esprit.
Avez-vous vu ma couronne mystique ?
Dépassons cette dichotomie :
entre absence et présence/
infini et fini/
art et science/
raison et folie...
Je me trouve présentement
en ce lieu non-dit
– faites-y donc un saut quantique !
Tout devrait être traité de poésie
et lu en tant que telle
– à commencer par les textes sacrés...
La poésie n'est ni mensonge ni vérité,
toute virtuelle...
Rien n'échappe à l'herméneutique !
+
Ainsi causait aux cénobites
l'anachorète hermite.
Si vous me souhaitez comme adepte,
ne me traitez pas en prosélyte,
mais à l'égal du guru de la secte,
co-auteur du Mythe.
Ma prose est dia-gnose,
traversée séquencée
pour faire connaissance,
en chantier.
Auto-hypnose par la plume
qui me fait chanter/
induire ce que je ne peux dire/
jouir de ce que je ne pourrais
jamais toucher...
Écoutez !
je suggère que vous vous en fassiez
par vous-même votre propre idée...
C'est encore une affaire de transfert
et ceci est le support mémoriel offert
aux lectrices lecteurs auditrices auditeurs
pour qu'ils opèrent le leur
– à bon entendeur...
Tu veux devenir poëte ?
Rien de plus simple :
Laisse-toi faire...
*
(POST :
Attention,
je n'ai jamais dit que la poésie
était une thérapie,
elle n'est qu'un support,
mais pas forcément celui d'la maladie...
Et si Je valait de l'or ?
Pas l'or du vulgaire, je vous en prie
– transactions bancaires only.
Encore un peu de phosphore très cher ?
La Maison fait crédit...
En vérité,
le traitement est en cours,
depuis le commencement...
Le vilain petit canard
en chie de toutes les couleurs
pour devenir cygne blanc...
déployant de mémoire spectrale
sa queue de paon...
Les oiseaux ne sont-ils pas
d'espèces de dragons mutants ?
Nix-Phé, prépare ton bûcher gentiment !
Décompose les lumières simples
à sublimer...
Va-t'en !
car le plus gros du travail
n'est pas encore achevé...
Pas besoin de pastille,
rien qu'un brin d'ontoplastie...
Oh trois fois rien...
Une fois repassé par le prisme,
vous serez comme 9.
(Voilà le mot de passe
pour changer de programme).
C'est noté,
je reprends malgré moi les armes
à retourner contre mon propre golem.
C'est ici que tout se joue :
au centre de l'arène,
au nerf battant du problème...)
En somme, de tous les usagers de la parole, les poètes sont les moins formalistes, car eux seuls croient que le sens des mots n’est qu’une forme, dont les réalistes qu’ils sont ne sauraient se contenter. C’est pourquoi notre poésie moderne s’affirme toujours comme un meurtre du langage, une sorte d’analogue spatial, sensible, du silence.
Roland Barthes
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