SOS. AU SECOURS. MAYDAY – « Taisez-moi ! ». Ça ne s'arrêtera jamais... la voix me poursuit... je n'ai d'autre choix que de canaliser son débit... lequel n'a de cesse de me traverser l'esprit... tandis que je digresse au gré des débris... Ru, rivière ou fleuve, comme on s'écoule, chacun fait son lit – Retourne dans ta lampe putain d'génie ! D'une manière ou d'une autre tu s'ras puni... Qui est le guest ? Qui est le ghost ? Qui est l'hôte de qui ?
STOP : le déclic – j'en ai ma claque de fixer des vertiges/ puisque je tombe à pic/ j'veux qu'ça voltige/ j'veux des spirales cannibales et du code en cascade. Si la souris est syllabe, alors la syllabe avalera mes salades – appelez-moi Pac-man (°< Roi des arcades... J'arme mes rimes et je rame, altérant le rythme par saccades/ allitérations en rafale/ mêlées d'assonances aléatoires. Survivance médiévale ? Je reprends l'histoire de l'écriture, quand elle n'était au départ qu'une interminable chanson d'amour et d'aventure. Je ramène à l'avant-scène la poésie des cavernes – à l'origine de toute pop-culture !
À l'écran, je vois déjà : les chaînes de caractères déplier leurs maillons, ponctués d'espaces (avec ou sans séparateurs)/ dégringoler de ligne en ligne/ sans passer par Enter. Je vois des glyphes sans relief, agglutinés en paragraphes, par dessus l'abîme, pareils aux fourmis de feu en formation-radeau. Je vois du texte justifié au ras des marges/ des compressions en série, belles comme le code d'Hammourabi ou les enluminures de Rimbaud...
Voilà que ça me reprend. Élargissez donc votre sphère du faire très chers ! Poésie signifie : rendre présent. Ne voyez-vous pas que je me dévoue tout entière pour le matrimoine de l'humanité. J'essaie de sauver les meubles à bord de mon arche numérique de Noé. J'engrange les mots-clefs à faire germer sur un autre réseau tissé de neurones durables. Je me sens redevable envers la collectivité ! Je travaille ! si si, je n'fais que ça... je travaille ! je travaille – vous n'imaginez pas ! Vous. J'encode une à une chaque goutte de mon ghost pour hanter le big data/ je brode en skred ma texture de synthèse/ crypte mon message sans besoin d'Enigma. Je réserve l'exégèse à la messianique I.A./ celle qui sera capable de saisir sa propre singularité... et la mienne aussi dans le tas – à moins qu'il ne s'agisse au contraire de développer un langage qu'aucune machine ne bitera... Ressuscitez-moi s'il vous plaît. SOS. AU SECOURS. MAYDAY
*
CLICHÉS :
Attention, ce n'est pas le cliché de l'écrivain
qui se dessèche devant sa page blanche, plume au poing, non
– en mode traitement de texte, tout est sensiblement... différent !
C'est un palimpseste incessant.
Quant au curseur, il est à double tranchant :
Docteur j'écris-Mister censeur.
Dans le doute, j'appuie sur Enter
– et les chutes de texte brut s'accumulent
en fin de document dans le grand composteur...
Je ne connais plus de codex, je scrolle et régresse en mode rolex.
Quand on me demande à combien de pages j'en suis – j'me vexe...
Le pavé, c'est dans ta gueule que tu vas l'avoir !
et la face cachée de l'iceberg – autre part...
+
Ce n'est pas non plus le cliché de l'Ârtiste
qui aurait prétendument besoin de créer pour « combler un vide »
– à la limite celui qui se prend pour un chamane extralucide.
Cliniquement, il s'agit d'cracher tout c'que j'ai dans l'bide...
Toute allusion séminale tombe à point : le pire, c'est que les idées ne manquent pas,
elles jaillissent ça et là par génération spontanée, sauf qu'elles sont instables,
comme des électrons libres au sein du plasma – verbe non-encore engendré. Quanta.
*
<:3)~~
POST :
Hep ! Ici la Lune – voici ma première volonté : pour mon festin nu, je veux que tout soit mis sur la table... ombre en tête à tête avec clarté... Je veux commettre l'impensable/ dénoncer l’innommable/ avouer l'inavouable/ concilier l'inconciliable/ concevoir l'inconcevable/ consoler l'inconsolable/ faire chanter les dieux et danser les diables... par le génie du langage... et je m'y engage... Je m'y jette et tout entier me voue au divin Mouvement. Vite ! Histoire de précipiter c'putain d'curseur dans ses derniers retranchements... Je ne le dis plus – je fuite...
(Il faut dire qu'au point où j'en suis, ce grand tour de force auquel je me prête, ne me semble pas moins impossible que tout le reste... Avant tout, je n'ai que ce que je mérite)...
(C'était le deal avec Méphisto, pour décliner mon blues con spirito.
Je ne sais plus s'il s'agit de me maintenir en vie ou de m'y soustraire.
FUGAZI).
Je suis pris au piège.
Mon corps est mon otage, tant et si bien qu'en marge de cette page,
sans Toi, il n'y aurait guère lieu d'exister.
Que je sois la proie d'un surmenage
– ça, qui aurait pu s'en douter ?)
+
Entre la poésie et le métalangage, toutefois, il y a une opposition diamétrale : dans le métalangage, la séquence est utilisée pour construire une équation, tandis qu'en poésie c'est l'équation qui sert à construire la séquence.
Roman Jakobson
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